Le nouveau Blandine Le Callet
Et oui je l'ai fait ! J'ai lu un livre pour "adulte", un livre pour "les grands" ! Comme qui tout fini par arriver. J'ai décidément bien fait d'aller faire un coucou à ma bib' favorite vendredi soir !
La Ballade de Lila K. de Blandine Le Callet
J'écris le billet alors que je suis encore imprégnée de l'atmosphère de ce livre. On lit souvent des romans parce qu'on est attirée par la couverture, intriguée par le titre ou le résumé, ou alors parce qu'on nous l'a conseillé. Et puis il y a des fois où on fait confiance à un auteur. Blandine Le Callet je l'avais découverte avec Pièce Montée , que j'avais trouvé caustique et bien écrit. Un bon moment de lecture. Et ce vendredi là, c'est exactement ce que j'avais en tête en prenant le livre et en voyant le bandeau au nom de l'auteur.
La lecture des premières pages fut déroutante. Parce que c'était très différent du roman précédent... C'est dur, abrupt, un peu rude comme entrée en matière. Je sentais que je n'allais pas du tout rigoler avec celui là. Pourtant je me laisse tenter , j'écoute la voix sans complaisance de Lila, qui nous raconte un évènement horrible de sa vie : des policiers font irruption dans le logement insalubre qu'elle partage avec sa mère, l'embarquent lui expliquant que c'est pour son bien puis empoignent sa mère sans ménagement. C'est la dernière image qu'elle aura d'elle : meurtrie, inconsciente, humiliée.
S'ensuivent de longues années de rééducation sociale dans "un centre" qui n'est pas très éloigné de celui de Jarod en son temps ou de Nikita. Mais Lila n'est pas un caméléon ni une tueuse à gages, juste une enfant un peu spéciale, qui n'a de cesse de vouloir comprendre son passé et surtout de retrouver la trace de sa mère. Elle croisera la route de personnages très singuliers qui apporteront de la fantaisie, de la douceur, de la singularité dans son monde. Et dans le roman. Car bien vite, on oublie une " Pièce montée" et on suit Lila et son regard détonnant sur ce monde du 2100 pas si différent du notre, au final.
Si le coté roman d'anticipation m'a un peu déconcertée au début, j'ai trouvé cet univers cohérent et convaincant. D'autant plus que je m'étais confrontée à ce problème avec " Marchand de sommeil", une nouvelle d'anticipation. J'ai eu la preuve ici qu'on pouvait dresser un monde, une atmosphère sans en faire des tonnes, sans avoir à le décrire dans les détails. Ce qui m'a permis de replonger dans cette nouvelle que j'avais laissé en plan.
Blandine Le Callet arrive à traiter subtilement du thème des banlieues ( j'ai aimé l'utilisation des "émeutes" dans la zone, de la frontière entre intra et extra muros), de la manipulation des médias et des vies par le pouvoir, des naissances contrôlées, de l'eugénisme. Et surtout de la déchéance sociale de Moira Steiner. Bien sûr tout cela n'est pas nouveau. Mais ce n'est pas non plus inutile d'en reparler. Et au final, Lila K. est une bonne porte-parole.
Je range donc ce roman à coté de GLOBALIA de Jean Christophe Rufin, Ravage de Barjavel, 1984 et le meilleur des mondes.