amour, moutons et scandinavie

La lettre à Helga      de Bergsveinn Birgisson  Edition ZUMA    Partenariat Priceminister

La rentrée littéraire nous offre son amour un petit épisode de l'amour est dans le pré made in Scandinavie.

Ici point de Karine Lemarchand, ni de mâles endurcis aux travaux des champs en mal de soupirantes, mais un vieil homme, Bjarni qui au crépuscule de sa vie, décide de faire amende honorable auprès de la seule femme qu'il n'ait  jamais aimé. Cette lettre testament, il l'écrit à la voluptueuse Helga, qui a ses yeux n'a qu'un seul et unique défaut : être mariée au fermier voisin. Des années durant ils s'aimeront en secret, presque sur un malentendu, comme pour donner raison à la rumeur qui les voulait amants. Amants il le sont bien, plus qu'amoureux, car ce qui les réunit est avant tout physique. Le vieil homme ne se lasse pas de nous décrire leurs ébats presque bestiaux dans le foin de la grange. Bjarni fait tout de même son possible pour aider Helga à la ferme. Peut-être est-ce les seules preuves d'amour dont est capable cet homme-là, tout dévoué qu'il est à la terre et aux bêtes. Mais lorsque le ventre d'Helga s'arrondit et que Bjarni doit assumer ses actes, l'appel de la terre et de son petit confort sera là encore plus fort. Vivre en ville ? Impossible pour lui, dut-il renoncer à ma femme qu'il aime et au bébé. Il fait amende honorable bien tard auprès de cette femme qu'il aurait pu rendre heureux, auprès du mari comblé et du père qu'il aurait pu être. Victime d cette lâcheté : un homme et trois femmes : la légitime pas dupe des frasques du mari, la maîtresse délaissée et la fille biologique.

Ce livre ne fut pas pour moi l'occasion de découvrir l’Islande, qui reste pour dans mon esprit attaché au livre de Pierre Lotti et à Bjork, mais j'ai tout de même eu une vraie révélation ! Les paysans scandinaves sont de vrais romantiques et des poètes accomplis ! Comment Helga ne pourrait-elle pas succomber aux doux mots de cet homme qui la trouve aussi belle que son tout nouveau tracteur ? Comment mon cœur de femme ne pourrait-il pas s'attendrir devant son camarade fermier qui vit dans une contrée si reculée que le sol enneigé et gelé l'empêche de mettre en terre sa défunte femme, et qui décide de mettre son amour dans le fumoir, au milieu des jambons et des saucisses jusqu'au dégel. De vrais romantiques, je vous dis !

En dépit de ses quelques sourires, il m'a tout de même été difficile de compatir au destin du pauvre Bjarni qui à mon sens a été l'artisan de son propre malheur. On dit qu'il vaut mieux tard que jamais, mais cela est-il possible en amour ?